Nouvelle star, semaine III
Au fond, cherchons nous autre chose que l’approbation de nos parents ? L’insistance sur les liens familiaux est une vieille ficelle des émissions de télé-réalité. La sincérité des protagonistes est parfois douteuse mais qu’importe, cela fait toujours de belles images et… dessine en creux l’image d’une jeunesse rassurante : finalement tout ce qu’ils veulent, ces jeunes, c’est faire juste plaisir à pôpa et môman. Les rebelles, les enragés, les punks, ceux que la musique soul emmerde grave, tout cela n’existe pas dans le monde de la Nouvelle Star. D’ailleurs la rebellion n’est sans doute qu’un moyen détourné pour chercher la bénédiction de ses géniteurs, vous ne trouvez pas ? Le fiston à sa môman de la semaine, c’est le jeune Tigane. C’est pour elle qu’il fait ça, avoue-t-il à la caméra. Il l’appelle pour lui annoncer la nouvelle. "Elle pleure", explique-t-il ensuite après avoir raccroché. La caméra cherche alors la dévotion du fils pour sa mère et l’émotion dans les yeux du jeune garçon. Mais n’y parvient qu’en partie. La mère de Dove Attia, si elle est toujours parmi nous, doit également être fière de son rejeton. Cette troisième émission de la saison était la sienne. Marianne James s’en trouvait presque reléguée au second rôle, ce qui n’est pas peu dire. Alors au cas où vous auriez manqué le teaser de la semaine dernière, les bandes annonces de la semaine ou l’émission d’hier, oui, Dove a dit "effet suppositoire" au lieu de "soporifique". Message aux réalisateurs : attention au faux comique de répétition. C’est drôle la première fois, mais la cinquième c’est juste consternant. Saluons par ailleurs la lucidité du producteur, qui après l’une de ses tirades, a déclaré au candidat médusé "je dis n’importe quoi et vous approuvez ?" (approbation du candidat).
Côté candidats justement, l’émission était assez riche. Et il semblerait que nous ayons non pas une, mais deux candidates lesbiennes. La première, ce serait Elisabetta, la pétulante italienne émigrée en Belgique. Virgine Efira, heureuse de pouvoir soutenir une compatriote, a manqué de se faire rouler une pelle à la sortie de la candidate. La deuxième, c’est Julie dont la coiffure semble trop lesbienne pour être honnête. Toutes deux iront à Mogador. Remplaceront-elles Valérie, de l’édition 2006, dans le coeur des lesbiennes de France ? Côté pédé, en revanche, c’était la déception. C’est tout juste si on nous a présenté une casserole qui chante du Teri Moïse et une autre qui demande à Dove ce qu’il a contre son gloss (et que l’on n’entend même pas chanter). L’honneur est peut-être sauf, malgré tout, grâce à l’"Archange Michel" qui épate le jury avec une interprétation très personnelle et très femme du You are not alone de Michael Jackson. André Manoukian, à l’ouest pendant toute l’émission, souligne ses qualités de "diva" et Manu Katché le félicite parce que "Michael Jackson, à chanter, c’est l’enfer". Autres candidats remarquables : Romain, d’origine gitane, Monia et Assia, les deux soeurs ("ce sont des femmes comme vous qui sauveront le monde", dit André Manoukian a Monia), Marie-Michèle, alias "Shelmy" la rappeuse ou cette candidate prof de chant fan du Moyen Age ("à cette époque, on savait plus s’amuser", explique-t-elle sans rire). Cette dernière – à qui Manu Katché inflige une leçon de rythme ("le snap doit être sur l’after-beat"), nous explique que si sa soeur n’avait pas été handicapée, elle n’aurait jamais eu sa sensibilité d’artiste. La famille, encore et toujours. Le dernier candidat, Guillaume, lui, nous explique qu’il se bat en mémoire de sa mère décédée. Il lève d’ailleurs les yeux au ciel une seconde juste avant sa remarquable prestation. Le geste est sans équivoque, on sait qu’à ce moment-là, il pense à sa mère. Qu’il se mette lui-même en scène ou qu’il soit sincère importe peu. Un monteur avec un peu de pudeur aurait coupé ce moment-là. Transformer le spectateur en voyeur, ce n’est jamais lui rendre service.