Vendredy…
Oups, j’ai failli oublier. Vous êtes de sortie ce soir. Vous allez à cette soirée. Ok, si comme moi, vous habitez à 900 bornes du Pulp, vous avez une excuse valable. Dans le cas contraire…
Oups, j’ai failli oublier. Vous êtes de sortie ce soir. Vous allez à cette soirée. Ok, si comme moi, vous habitez à 900 bornes du Pulp, vous avez une excuse valable. Dans le cas contraire…
Vendredi, j’ai mon premier rendez-vous à l’ANPE. Si pour vous aussi la journée de vendredi s’annonce pénible, je vous conseille vivement de vous rendre le soir-même au Pulp pour la soirée Androgyny, avec un blogeur célèbre aux goûts musicaux sûrs en DJ invité. Et si votre vendredi promet d’être réussi, filez-y aussi.
Une bien belle B.O. que celle de Brokeback Mountain. La musique originale est composée par Gustavo Santaolalla (quel nom formidable) et le reste est composé de reprises. Interprètes sans grande surprise : Emmylou Harris, Linda Ronstadt, Mary McBride et le squatteur de B.O. en chef Rufus Wainwright. Parmi les compositions originales ressort la belle ballade A love that will never grow old, chantée par Emmylou Harris. Parmi les reprises, j’ai choisi le vieux titre de Bob Dylan, He was a friend of mine, chanté par Willie Nelson. Dans le contexte du film, cette chanson prend un aspect particulièrement poignant.
Le ténor Mandy Patinkin est capable du meilleur comme du pire. Le pire, quand il surinterprète ses chansons, le meilleur, quand il revient à un peu de sobriété. Patinkin a reçu le Tony pour son interprétation de Che dans la création d’Evita à Broadway. Il a ensuite interprété Georges Seurat, dans le musical de Sondheim, Sunday in the Park with George. Par la suite, il a sorti plusieurs disques, donc celui que je chronique dans cette note. Contrairement à Bernadette Peters ou Barbara Cook, Patinkin ne fait pas du "Sondheim, etc." ou du "Mostly Sondheim". Il chante du Sondheim et rien que ça. Avec ses 34 pistes, le disque – live – balaie un large spectre d’oeuvres sondheimiennes, du moins jusqu’à la B.O de Dick Tracy, Assassins et Passion sont curieusement absents. Beaucoup de Sunday in the park, évidemment, mais aussi de Follies (il a chanté dans le concert revival de 1985) ou Company.Fidèle à lui-même, il donne le pire (You could drive a person crazy), comme le meilleur (Losing my mind, Sunday). Il aborde Broadway baby avec une sobriété inattendue et plutôt réussié, mais, le fourbe, c’est pour mieux balancer la purée à partir de "All over Times Square". L’effet est un peu raté, dommage. Agréable à écouter dans l’ensemble, à condition de passer à la chanson suivante de temps en temps.
Comme je ne me tiens pas forcément au courant de l’actualité musicale, j’ai eu vent de ce disque hommage à Tim et Jeff Buckley sorti en octobre 2005 en lisant la Blogothèque. Les albums tribute sont rarement bons ; quelque fois très bons, le plus souvent très mauvais. Dream Brother est une exception à la règle. Le choix des chansons que ce soit pour Jeff ou pour Tim est plutôt judicieux : quelques gros titres (Grace, Mojo Pin pour Jeff, Song to the siren, I must have been blind pour Tim), mais les autres, sans être des raretés font plaisir à entendre. Au rayon réussite, She is, de Tim par Sufjan Stevens, Morning theft, l’une des plus belles chansons de Jeff, par Stephen Fretwell (l’interprétation n’a rien d’exceptionnel, mais cette chanson est tellement belle, que même ratée elle demeure magnifique). Dream Brother (Jeff), I must have been blind et Song to the siren (Tim) valent aussi largement le détour. En revanche, Grace est carrément massacrée par un chanteur à l’oreille interne visiblement défaillante.
Après le succès de la première édition au Pulp, Androgyny revient le 30 décembre, même heure, même endroit. Je serai une fois de plus retenu loin de Paris, mais ce n’est pas une raison pour ne pas y aller. Et de toute façon, depuis quand vous n’avez pas entendu une aussi bonne musique dans un club, hein ?
Toutes les infos sont sur le blog officiel de la soirée.
Voici enfin en dans la Radio Broadway, les extraits de Judy and Liza at London Palladium. J’ai mis le medley Get Happy / Happy days are here again, chanté en duo, et l’extraordinaire What now my love, que Judy chante comme si sa vie en dépendait. La note finale part certes en sucette, mais on s’en fout un peu.
Je suis très satisfait de mon premier achat de musique en ligne. Je ne prenais pas beaucoup de risque : Avenue Q est une comédie musicale à succès. Elle a en effet obtenu le très convoité Tony award du meilleur musical en 2004. Avenue Q est une sorte de parodie du célèbre Sesame Street. Elle met en scène à la fois des marionnettes et des "non-marionnettes" (des humains, quoi). Parmi les premières, Princeton, le héros, Trekkie Monster, un monstre qui passe son temps à regarder du porno sur internet, Kate Monster, qui veut monter une école pour monstres, Rod, le républicain gay au placard. Parmi les non-marionnettes, il y a notamment Gary Coleman (Arnold de Arnold et Willy), intendant de l’immeuble où vivent les marionnettes (un immeuble de l’Avenue Q) joué par une actrice. Principal ingrédient de ce musical : l’humour, généralement ravageur. Il n’y a qu’à en juger par les titres des chansons : The Internet is for porn, I’m not wearing underwear today, You Can Be as Loud as the Hell You Want (When You’re Makin’ Love) – pour la scène de "puppet sex", It sucks to be me, etc. Les chansons sont toutes très réussies, et souvent hilarantes (j’ai du mal à ne pas pouffer dans le métro quand j’écoute The Internet is for porn – "Grab your dick and double click for porn"). Bien sûr, ce n’est pas du Sondheim, ce n’est pas aussi riche que Rent, mais ce n’est pas Notre dame de Paris non plus. Dans le genre pop mixée avec des influences très musical (les dialogues à l’intérieur des chansons), difficile de faire plus efficace. Ce n’est pas pour rien si la musique a également remporté un Tony, tout comme le livret, dont il est difficile d’avoir un aperçu avec le seul CD, mais qui est bien résumé sur la fiche Wikipedia. Très, très conseillé.
Ai revu Torch song trilogy au Vingtième Théâtre (que j’avais commenté ici) ce week-end. La performance de ce samedi et le temps qui a passé depuis la première fois où je l’ai vu me rendent un peu moins indulgent. Il y a de vrais problèmes avec cette adaptation :
Les points positifs :
Pour rester modeste, je finirai par une citation de Ethel Merman, à qui Harvey Fierstein demandait ce qu’elle avait pensé de Torch Song Trilogy : «I thought it was a piece of shit. But everybody else laughed and cried, so what the fuck do I know ?»
Et de trois… Après le concert pour Canal, celui de la Cigale, je suis allé hier soir assister au concert de Keren Ann à l’Olympia. Il y avait du beau monde dans la salle, notamment SAS Françoise Hardy, chef enthousiaste du fan-club de mademoiselle Zeidel. Début du concert identique à celui de la Cigale : Song for Alice sur une bande pendant que le groupe fait son entrée, puis enchaînement sur Ending Song : deux chansons de fin d’album (même si cela n’est qu’à moitié vrai pour Song for Alice, en raison du morceau caché). Le public étant assez mou, la sauce met du temps à prendre, mais une fois que c’est parti, rien à redire. KA utilise beaucoup sa pédale wah-wah, son guitariste est toujours aussi… euh doué, les cordes sont très belles, et les chansons s’enchaînent parfaitement. Nous avons même droit à un petit moment de grâce lorsqu’elle chante, à la demande d’une spectatrice, un morceau en hébreu, d’abord accompagné à la guitare, puis a capella. C’est bien la première fois d’ailleurs que je vois une artiste répondre favorablement à la demande d’un spectateur. D’habitude les réactions varient de «Y a pas écrit Juke-Box» (Juliette) à «This is my stage don’t tell me what to sing» (Marianne Faithfull), en passant par l’indifférence polie. L’humeur du jour semblait en tout cas assez rock. Plusieurs morceaux se sont terminés par des déluges de guitare électrique, et l’un d’eux a même été enchaîné avec un titre des… Queens of the stone age. Les rappels étaient loin d’être dégueu : un duo avec Tom McRae sur L’onde amère (McRae chantait donc, et plutôt bien, en français) et SURTOUT, une reprise jouissive de Big Yellow Taxi, de SAS Joni Mitchell. Heureux, j’étais. Conclusion royale avec Greatest you can find et son refrain entêtant.
After show fort sympathique dans les coulisses de l’Olympia (malgré la présence massive et odorante de charcuterie sur la table des victuailles). L’occasion de féliciter l’artiste, de boire quelques verres à l’œil, et de bitcher sur des sujets qui n’ont rien à voir, ou presque («Tom McRae est loin d’être moche de près…» ; «Non ! Tu crois que elle et lui… ?»). De quoi conclure agréablement une excellente soirée. Merci à Nico de m’en avoir fait profiter.
Cette fois-ci, Androgyny est vraiment de retour. Ce sera le 25 novembre au Pulp. Je ne suis plus dans l’organisation, ni aux platines, mais je serai quand même présent. Enfin une androgyny où je n’aurais plus à stresser à cause de tel ou tel problème technique ou parce qu’il est encore tôt et qu’il n’y a pas encore assez de monde. Vous pouvez suivre toutes les infos concernant la soirée sur ce nouveau blog : http://androparty.blogspot.com. Si vous voulez recevoir les infos via la newsletter, envoyez un mail à androgyny.party@free.fr… Ne ratez pas surtout le verso de ce flyer que Cécile mettra sans doute bientôt en ligne. L’esprit est très "demain j’enlève le bas"… Pour mémoire, Androgyny est une soirée pop-rock-électro gay, lesbienne et affiliés, créée en 2003.
Alors que je devais rédiger un petit papier pour Têtu sur les lesbiennes et la folk, je suis tombé sur ce texte d’Amy Ray (à gauche sur la photo), des Indigo Girls, qui résume admirablement bien la problématique. Le texte en question, qui date de 2002, est en fait une réponse à un article publié par le New York Times, article dans lequel Amy était interviewée. «On nous avait dit que le journaliste voulait faire un papier sur l’importance des femmes dans la musique folk. Quand il est arrivé il nous a fait part de sa profonde découverte : la musique folk est la voix de la communauté lesbienne. Il voulait savoir pourquoi.», raconte la musicienne. Au final, l’article se révélera être un tissus d’âneries homophobes sur ces lesbiennes qui gâchent tout en ne vendant pas un disque et qui se servent de la musique pour parler de leurs problèmes inintéressants. Première chose, rappelle Amy Ray, il y a sans doute plus de lesbiennes impliquées dans des groupes punk que dans la folk (cf. le mouvement des Riot Grrrls et ses suites). Ensuite, pour ce qui est de la médiocrité, elle renvoie la balle vers l’industrie musicale qui segmente les marchés à n’en plus finir pour vendre Nickelback et la Budweiser aux mecs d’un côté et Britney et Clearasil, de l’autre. Et dans cette segmentation, les homos n’ont pas leurs place. S’en suit beaucoup d’autres arguments qu’il serait fastidieux de retranscrire ici, donc je vous laisse lire par vous-même (ou pas).
Merrily we roll along est l’un des plus gros flops de la carrière de Stephen Sondheim. Le musical n’a tenu que le temps de 16 représentations. On dit que le compositeur, dévasté par cet échec alors que ses précédentes œuvres avaient reçu un très large succès d’estime et avaient été d’honnêtes succès commerciaux (à l’exception de Follies, mais c’était à cause du coût très élevé de production de la pièce), a pensé très sérieusement à changer de métier. Les raisons de l’échec de Merrily we roll along sont documentées : cast jeune et inexpérimenté, décor pourri, costumes cheap, mise en scène ratée. Dommage, car sur le papier le musical était intéressant. Il s’agit de l’histoire de trois amis d’enfance, deux hommes et une femme, qui se sont progressivement éloignés les uns des autres quand l’un d’entre eux, Frank est devenu un compositeur de musique de film à succès. Tout l’intérêt de cette histoire a priori banale est qu’elle se déroule à rebours. L’action commence en 1980 et remonte progressivement jusqu’aux années 50. Sondheim a un jour dit qu’il n’aimait pas composer des chansons si elles ne s’inséraient pas dans une dynamique dramatique. Ainsi, le final de Merrily, Our Time, pris seul, est une chanson d’espoir : trois jeunes prêts à affronter la vie ensemble et à changer le monde :
«We are the movers, we are the shapers, we are the names in tomorrow’s papers»
Dans la dynamique de l’œuvre, cette chanson arrive en dernier, alors que l’on a vu dès le début les amis devenus des étrangers les uns pour les autres. Dès lors, Our time, devient une chanson poignante.
La musique dénote avec les œuvres précédentes de Sondheim, très marquées musicalement (opérette viennoise pour A little night music ou opéra pour Sweeney Todd) . La tonalité ici est plus «pop», même si je doute que le terme conviendrait au compositeur. Après l’échec sur Broadway de 1981, plusieurs revivals ont été montés. Le CD qui a été enregistré avec l’Original Broadway Cast est, je trouve, relativement inécoutable. Le son est très faible et on a l’impression d’entendre les musiciens et les orchestres à travers un petit tuyau. J’aime beaucoup le revival Off-Broadway de 1994, qui sonne beaucoup comme Rent, de Jonathan Larson, produit sur Broadway 2 ans plus tard. Mes chansons préférées sont Our Time, Old Friends (que Liza reprend régulièrement), Not a day goes by (magnifié par Bernadette Peters dans ses tournées solo) ou la chanson titre.