Nouvelle Star : un avant-goût…
… sur le Blog TV News. Impressionnant. J’ai essayé. Et puis j’ai essuyé l’écran de mon ordinateur.
… sur le Blog TV News. Impressionnant. J’ai essayé. Et puis j’ai essuyé l’écran de mon ordinateur.
Habiter une chanson. L’interpréter pleinement. Jusqu’à la mort. Il ne pourrait s’agir que de formules creuses. Pourtant, sur la scène du Chatelet, Juliette Gréco ne fait pas autre chose. Comment le pourrait-elle ? C’est ce qu’elle a toujours fait. Peu importe qu’elle ait maintenant 80 ans, peu importe que les notes soient de moins en moins tenues, l’énergie est intacte, la voix plus grave et profonde que jamais et les gestes, ah les gestes… Avec un dispositif scènique minimal – un micro, un piano, un accordéon – la Gréco déroule un repertoire qui court sur plusieurs décennies, essentiellement des chansons de son mari, le génial Gérard Jouannest compositeur de quelques unes des plus belles chansons de Jacques Brel. La présence de Jouannest au piano et le mélange de rage et de tendresse que la chanteuse insuffle à Mathilde, la Chanson des vieux amants (ce refrain…), J’arrive ou Ne me quitte pas (ratée, seule fausse note de la soirée) semblent même réssuciter pour quelques instants le vieux Jacques "arrivé" depuis bientôt 30 ans. Il y a du Ferré aussi, Avec le Temps, mélancolique à souhait, et le malicieux Jolie môme. Gainsbourg et Trénet sont également convoqués, ainsi que Déshabillez-moi, qui, l’âge aidant, prend un tour délicieusement camp ("Je sais que je ne devrais pas chanter cette chanson", glisse-t-elle mutine, en préambule – sous-entendu "à mon âge"). A ce stade, la salle est déjà conquise ; elle peut alors lui porter le coup de grâce avec une version sublime du Temps des Cerises, pour laquelle elle se fait soudainement sobre. En introduisant cette dernière, elle livre cette phrase qui résume à elle seule plus de cinquante ans de carrière "C’est une chanson d’amour, donc une chanson révolutionnaire ; c’est une chanson révolutionnaire, donc une chanson d’amour".
Voici une vraie perle méconnue. Mon ami P. m’avait prévenu : « dès que tu l’écouteras, tu ne pourras plus oublier cette chanson ». En ce qui me concerne, il avait raison. Melocoton fut le seul succès (en 1963) de Colette Magny, personnage extraordinaire, chanteuse maudite, censurée par le pouvoir des années 60 pour ses prises de positions très à gauche et censurée par elle-même, intransigeante jusqu’à l’excès. Elle a commencé en chantant Bessie Smith et Billie Holiday. Mais elle a toujours refusé de devenir la chanteuse blanche de blues. Bref. Voici la chanson.
PS: Mon ami P. a réalisé un film dont le titre est justement inspiré de la chanson de Colette Magny. Cela s’appelle Donne-moi la main, c’est sorti en 2009. Et c’est signé Pascal-Alex Vincent, le fameux P., donc!
Photo: JP Roche, sous Creative Commons.
Je sais que vous attendez toutes et tous avec impatience le retour de la Nouvelle Star. Soyez heureux, M6 a annoncé que l’émission débutera dans un futur relativement proche, le mercredi 28 février. Côté jury, pas de suprise : Marianne James, Dove Attia, Manu Katché et l’ineffable André Manoukian rempilent pour la troisième (quatrième ?) année consécutive. Selon Le Blog TV News, Dédé la blague a d’ores et déjà promis, avec son sens de l’image qui nous est si précieux, "un chanteur grunge fan de Jean d’Ormesson, un Stevie Wonder post moderne ou encore une Katie Melua de Saone et Loire". L’un d’entre eux succèdera-t-il à Christophe "La Tortue" (dont le premier single sortira également le 28 ) ? Vous le saurez en regardant M6. Et si vous ne le saviez pas déjà, vous verrez que cela n’a aucune espèce d’importance en lisant les chroniques de ce blog, si tout va bien, à J+1 chaque semaine.
Androgyny, la soirée electro-rock, aura lieu le vendredi 9 février au Pulp, 25 boulevard Poissonière. Gwen et la Relou Crew en invités. J’y serai, comme d’hab. Et vous ?
Je transmets un peu tardivement l’annonce des nominations pour les Pédales d’or 2007, décernées par les copines de Pédérama [lire le billet sur pédérama]. Les récompenses seront remises ce soir jeudi 1er février à 19h30 sur Radio Libertaire, la radio sans dieu ni maître ni publicité. Comme vous pourrez le constater, j’ai moi-même été nominé (je vous laisse deviner quelle catégorie, un indice : ce n’est pas dans la catégorie hétérosexuel de l’année). J’ai peu d’espoir ceci étant, la concurrence me semble trop rude. J’aurai par ailleurs le double honneur de présider la cérémonie, en tant que premier auditeur historiqus de l’émission et remettre un prix en direct. Ne paniquez pas si vous ne pouvez pas capter Radio Libertaire ou si vous avez autre chose à foutre au moment où l’émission est retransmise, elle sera sans doute en ligne sur le site de pédérama prochainement.
[Edit] : j’ai même gagné un prix !
Je ne me risquerai pas à essayer de ranger cet album de Marianne Faithfull. Jazz, folk, pop, tous ces genres ne résistent pas à la voix éraillée de la chanteuse. Elle est quasiment un genre musical à elle seule. Peut-être plus que d’autres, Strange Weather, sorti en 1989, est un album inclassable. Tous les titres, interprétés façon cabaret, sont d’une qualité irréprochable. Au milieu se distinguent le titre qui donne son nom à l’album, écrit par Tom Waits ; le Boulevard of broken dreams de Warren et Dubin ; et une reprise émouvante, 25 ans plus tard du titre qui l’a fait connaître, As tears go by. L’humeur cabaret de Marianne Faithfull se retrouvera dans deux autres albums, sa version des Seven deadly sins de Kurt Weill et le disque 20th Century Blues, où figure également du Weill.
Strange Weather (live):
Un peu d’auto-promo n’a jamais fait de mal à personne. Je vous invite donc à vous procurer le dernier Têtu (n°119, Février 2007) afin de consulter – entre autres, l’interview de Rufus Wainwright réalisée par votre serviteur. J’ai interrogé Rufus sur le spectacle qu’il va donner en hommage à Judy Garland, le 20 février à l’Olympia, mais aussi sur son prochain album, Release the stars, qui sortira en mai et dont il parle en avant-première. En interview, Rufus ne change pas, toujours aussi drôle, toujours aussi folle, toujours aussi impliqué dans la culture gay. Il a même balancé même une petite vacherie (c’est le cas de le dire) à propos de Madonna, ce que peu de gens osent faire.
Juste un regret, ma traduction de "Over the rainbow" pour le titre de l’article est mauvaise. Je pense que "Par-delà l’arc-en-ciel" aurait été mieux. Je le saurai pour la prochaine fois… En attendant, si le coeur vous en dit, il reste des places le 20 février à l’Olympia : www.olympiahall.com.
Autant sa version de West side story était empesée, autant celle de Candide est lumineuse. Leonard Bernstein a dirigé lui-même dans les années 80 deux de ses oeuvres les plus célèbres, composées pour Broadway. Cette version de Candide (créé en 1956) a été enregistrée en 1989, peu de temps avant la mort du chef d’orchestre et compositeur. Dans le rôle de Candide, Jerry Hadley est parfait, June Anderson campe une Cunegonde d’une grande tenue et son Glitter and be gay rivalise sans problème avec ceux de Natalie Dessay et Barbara Cook. A noter aussi la présence d’Adolph Green, de la paire Comden/Green dans les rôles de Pangloss et Martin, tenus récemment par Lambert Wilson au Chatelet. Je crois qu’on peut apprécier cet enregistrement sans nécessairement connaître l’oeuvre de Voltaire ou son adaptation opérette, mais cela aide incontestablement. Le concert de 1989 a été filmé. On trouve quelques extraits (les titres les plus anodins d’ailleurs) sur YouTube. Les morceaux de bravoure sont trop nombreux pour être cités.
Into White, avec sa belle pochette verte, est le dernier album en date de l’auteure-interprète américaine Carly Simon. J’ai connu Carly grâce à l’année du dragon, la magnifique reprise d’Etienne Daho de Touched by the sun, sur Corps et armes. Into White, nom d’une chanson de Cat Stevens, est un album de reprises folk. On y trouve du très connu, le très kitsch Oh ! Susanna, Over the rainbow, You are my sunshine (l’unique chanson d’un célèbre épisode de The L Word – les lesbiennes qui mettent plus de deux secondes à deviner lequel seront condamnées à regarder l’intégralité de Derrick d’un seul trait), Scarborough Fair ou Manha de Carnaval. Toutes ces chansons pourtant reprises jusqu’à la nausée sont ici interprétées avec une grande sobriété qui leur confèrent une nouvelle fraîcheur. Un titre comme Over the rainbow, par exemple, est chanté et joué avec une simplicité confondante. Cela redevient juste une chanson et pas ce numéro épique que tout le monde essaie de recréer. Il y aussi des reprises moins connues et quelques compos. J’ai lu de nombreux commentaires sur le web critiquant avec mépris ce disque de "berceuses". Ca me fait penser à tous ces gens qui disent "oh il faut être dépressif pour écouter ce genre de choses". Comme si, pour ces phallocrates de la mélodie, la douceur en musique était un péché honteux. Into white est un disque infiniment doux, la voix de Carly, encore plus grave avec l’âge, a gagné en suavité. Album câlin sous la couette de la semaine.
Le jeune groupe Ulysse a composé la chanson du générique de fin du film Truands, qui sort le 17 janvier sur les écrans. Avec Marianne Faithfull comme invitée de prestige, le titre, A lean and hungry look, est magnifique. La voix de la chanteuse se marie parfaitement à l’ambiance sonore d’Ulysse et à la voix fantômatique d’Hugo, en arrière plan. A écouter ci-dessous:
C’est après quasiment une décennie de grave dépression que Dusty Springfield, qui s’est installée à Los Angeles, se retrouve en 1979 au Royal Albert Hall de Londres. C’est un événement, la princesse Margaret, soeur de la Reine est présente. J’ai d’ailleurs lu, sans avoir pu le vérifier, que Dusty a joué plusieurs fois sur le mot Queen, allusion à la fois à la présence royale et aux nombreux homos venus l’écouter. Elle aurait dû s’en excuser auprès de la princesse, qui dit-on aurait été offensée, par écrit. Pour en revenir au domaine artistique, à ce moment là, la carrière de Dusty peine à redémarrer. Elle vient d’enregistrer deux albums, It begins again et Living without your love, qui n’ont eu qu’un timide écho. Elle ne reprend donc qu’assez peu de titres récents et compose assez habilement entre artillerie lourde (Son of a preacher man, Brand new me, The look of love, etc.), reprises (We are family) et titres plus méconnus. Dusty a l’air de passer un excellent moment, on peut l’entendre rire à plusieurs reprises et elle introduit beaucoup de ses chansons avec un petit commentaire souvent assez touchant. Le plaisir étant en général assez communicatif, on suppose que les spectateurs ont eux aussi pris leur pied et l’auditeur de l’enregistrement que je suis n’est pas en reste. Bref, il se passe quelque chose à ce concert, en grande partie grâce à la générosité immense de l’artiste. A redécouvrir donc, parce que quelque chose me dit que la générosité va être une denrée rare en 2007.
Redécouvrons la roue avec Folk Furieuse. Et plus particulièrement, l’album le plus célébré de Kate Bush, Hounds of love. Sorti en 1985, c’est le cinquième disque de l’auteure compositrice interprète productrice. Il est considéré comme son plus accessible. Le titre le plus connu est je pense Running up that hill, repris notamment par Placebo il y a quelques années sur disque et régulièrement lors de leurs concerts. Outre celui-ci, il y a un nombre très important de pépites sur cet album, pratiquement toutes les chansons d’ailleurs. S’il faut en choisir deux ou trois, mon choix se porterait sur l’épique Cloudbusting, le très beau And dream of sheep ou bien Under Ice, avec ses cordes acérées et glacées. Les paroles sont du Kate Bush pur sucre, oscillant entre références littéraires, onirisme, poésie, voire le tout à la fois. Nul doute que la jeune Tori Amos a dû écouter cet album attentivement. Et beaucoup d’autres avec elle. A posséder absolument.
Voir la vidéo de Cloudbusting
La reprise en duo n’est pas un exercice inhabituel pour Françoise Hardy. Sur ses propres albums (notamment sur Clair Obscur) ou ceux des autres, elle a déjà beaucoup pratiqué l’art de la « cover ». Sur (Parenthèses), son dernier album, la première dame de la chanson française est allée un peu plus loin. Elle propose dix reprises et deux inédits. Pour l’occasion elle a invité Bashung, Salvador, Rodolphe Burger, Julio Iglesias, et plusieurs autres. Le tout est généralement de très bonne tenue. La voix de Françoise est mieux mise en valeur que sur l’album précédent, Tant de belles choses et les arrangements bien meilleurs. Parmi les duos réussis, on peut relever Que reste-t-il de nos amours ? avec Bashung. Quoique ce titre là aurait été plus réussi si la chanteuse avait été seule tant son interprétation est parfaite. Il y a aussi Partir quand même, avec Julio Iglesias, dont les roucoulades sont un peu pénibles au début mais plutôt agréables à la réécoute. Les duos avec Ben Christophers et celui avec Hélène Grimaud sont également magnifiques et celui avec Delon assez intéressant. La pochette du disque est également de toute beauté. Un bon cru.
Après avoir sorti en 1969 son mythique Dusty in Memphis, Dusty Springfield se trouve face à un dilemme. Les chansons enregistrées (en partie) à Memphis sont manifestement excellentes à tous points de vue, mais, exception faite du single Son of a preacher man, elles ont été boudées par le public. Comment dès lors concilier populaire et qualité ? D’autant que ses meilleurs song-writers, Carole King et son mari, Burt Bacharach et Hal David ne peuvent plus écrire pour elle, pour des raisons diverses. Pour son nouvel album, elle décide alors de s’entourer d’une paire de jeunes producteurs soul / r’n’b, Gamble et Huff. Leur son est peut-être moins chiadé que celui de Dusty in Memphis, mais il sonnera peut-être plus moderne. Las, A brand new me ou From Dusty with love, son titre anglais, sera encore plus fraîchement accueilli par le public que son prédecesseur. La critique elle restera dythirambique. Les chansons de A brand new me, toutes composées par Gamble et Huff sont généralement de moins bonne qualité que celles de Memphis. On trouve quand même quelques perles comme la chanson titre, Joe, ou le formidable I wanna be a free girl. Malgré cela, la carrière de Dusty ne se relèvera jamais de ce double échec commercial. Le succès reviendra dans les années 90 avec l’aide des Pet Shop Boys, mais artistiquement elle ne retrouvera pas les sommets de Dusty in Memphis ou A brand new me. Mais ces sommets-là, peu ont été en mesure de les atteindre.
ps : Dusty a été introduite au Music Hall of Fame anglais il y a quelques jours. Voir l’excellente version de Son of a preacher man par Joss Stone lors de la soirée sur YouTube.