Sur la route de Madison
« When I think of why having pictures, the reason I can come up with… it seems that I’ve been making my way here. »
« When I think of why having pictures, the reason I can come up with… it seems that I’ve been making my way here. »
Quelques mots pour vous recommander chaudement le film anglais We Want Sex Equality (Made in Daghenam, en VO). On y suit l’histoire – réelle – de ces ouvrières anglaises de Ford qui se sont mises en grève pour réclamer un salaire égal à celui des hommes.
C’est un film typiquement anglais, avec ses personnages hauts en couleurs, aussi drôles qu’émouvants. Le scénario se déroule sans véritable surprise mais avec une belle efficacité. Comme il se doit les actrices sont formidables, Sally Hawkins (Rita, la leader), Geraldine James (Connie), et Miranda Richardson (l’explosive ministre du travail Barbara Castle, dont je n’avais jamais entendu parler) en tête. Et au final, c’est un beau succès, l’un de ces films qui vous regonflent pour quelques jours.
« A working class hero is something to be », chantait Lennon. C’est sans doute encore plus vrai lorsque les héros sont des héroïnes comme celles de Dagenham.
ps: Le film était diffusé lors des avant-premières Le Jeudi c’est gay-friendly, de Yagg au Gaumont Opéra.
Yagg proposait une avant-première de Potiche, hier soir au Gaumont Opéra. La grande salle était bondée (nous avons dû refuser du monde) et les spectatrices et spectateurs ont visiblement passé un bon moment. J’ai moi-même beaucoup ri. Les dialogues n’ont quasiment pas pris une ride. Deneuve est excellente de bout en bout. On ne peut pas en dire autant des autres, Judith Godrèche en tête, visiblement pas toujours à l’aise dans le registre de la comédie. Depardieu, lui, est plus choquant par son aspect physique. Il est tout bonnement effrayant. Et la photo de lui jeune que l’on peut apercevoir brièvement n’en est que plus cruelle.
Bien sûr, on ne peut s’empêcher d’imaginer la Maillan dans le rôle principal. Mais comme l’a dit Pierre Barrillet, l’un des auteurs de la pièce originale en ouverture du film, Deneuve « humanise » un peu le personnage.
Rien de « révolutionnaire » en tout cas dans le film, mais une comédie efficace, par les temps qui courent, c’est déjà beaucoup.
En bonus, cet extrait sur Youtube permet en tout cas d’avoir une idée de ce que Jacqueline Maillan faisait du rôle de Suzanne Pujol-Michonneau:
http://www.youtube.com/watch?v=ELOdO8gnRvI
Avant-première Yagg de Kaboom hier soir. Salle comble, ça faisait plaisir à voir. Contrairement à beaucoup, visiblement, le film ne m’a pas emballé plus que ça. Cela commence comme un énième film-trash-d’étudiants-américains-sexy-que-l’on-montre-à-poil-autant-que-faire-se-peut, à ceci près que le personnage principal semble faire une sorte de rêve prémonitoire. On reste ensuite dans le registre du college movie, avec le coloc surfeur chaud comme la braise mais idiot, la meilleure amie cynique, la nympho mystérieuse, la droguée de service, l’homo maladroit (Brennan Mejia, d’une beauté assez extraordinaire) etc. Puis dans le dernier tiers du film, on bascule quasiment sans crier gare dans les histoires de secte, de groupe secret qui veut détruire la secte, de pouvoirs paranormaux et de destruction du monde. Ça se veut sans doute fun, psychédélique et délirant. J’ai trouvé cela juste décousu et sans queue ni-tête. Un peu plus de cohérence n’aurait pas nui à l’ensemble. Je préfère nettement le Araki plus maitrisé de Mysterious Skin.
« Pas mal, sans plus », « C’est un bon Disney, donc un Burton moyen ». Ce que j’avais entendu d’Alice in Wonderland, le nouveau Burton, ne faisait pas particulièrement envie. Et je n’ai jamais été un Burtonolâtre. Mais The Ghost Writer et Shutter Island étaient complets, alors…
Quelques impressions à froid:
Au final, pas mal sans plus, en effet.
Quelques mots rapides pour vous recommander l’excellent dernier film de Francis Ford Coppola, Tetro. Tetro, c’est le nom du personnage interprété par Vincent Gallo. Fils d’un célèbre chef d’orchestre américain, il a coupé les ponts avec sa famille et s’est installé en Argentine. Son petit frère, Bennie, de passage, vient s’installer chez lui et sa copine pendant quelques jours.
Tetro est comme un film intimiste, mais avec la patte d’un grand réalisateur. Comme souvent (toujours?) chez Coppola, les images sont sublimes. Mention particulière au magnifique noir et blanc. A voir au cinéma, si possible. Le cast est également parfait, le jeune Alden Ehrenreich (photo, au premier plan) en tête. A noter un petit rôle de la fabuleuse Carmen Maura, actrice Almodovarienne s’il en est, dans le rôle d’une gourou de la littérature. Les passages permanents de l’anglais à l’espagnol donnent une vraie profondeur au film. Et le scénario ne tombe jamais dans la facilité de la psychologie torturée que l’on peut voir dans certains films d’auteurs.
Du grand art.
J’ai tenu bon pour 2012, mais cette fois-ci, j’ai échoué. J’ai donc cédé à la pression populaire et suis allé voir Avatar, de James Cameron. Pour la faire courte, je partage peu ou prou l’avis de Matoo et celui de YepMe. A savoir: quelques images superbes, mais un scénario indigent. En gros les méchants contre les gentils, avec des méchants qui sympathisent avec les gentils et les gentils gagnent à la fin. Les personnages sont archi-stéréotypésn vus et revus dans des dizaines de films américains: un héros fadasse, le capitaliste bête et méchant, le militaire très très méchant et dur de chez dur, la scientifique compréhensive, la pilote butch, le guerrier jaloux mais au cœur d’or une fois qu’on l’a apprivoisé, l’autochtone de sexe féminin farouche et rebelle promise à un autre mais qui finit par tomber amoureuse du héros, etc.
Comme le souligne Matoo, la vision 3D se justifie sur certaines scènes et produit un résultat assez intéressant. Mais les 2h40 sont un peu longues à tenir avec ces grosses lunettes sur le nez. Heureusement qu’il y a l’immense Sigourney Weaver (bien que relativement sous-employée), que Cameron avait déjà dirigée dans Alien 2 (le moins bon de la série) et la butchissime Michelle Rodriguez.
On n’a certes pas trop le temps de s’ennuyer, mais on ne peut que s’agacer devant la vision américano-centrée que déploie Cameron (il y a d’autres codes culturels dans le monde, chéri) et le peu d’imagination pour la description des Na’Vis (les êtres bleus, pour ceux qui n’ont pas encore vu le film), qui ressemblent à s’y méprendre à des humains. Ils parlent, respirent, chantent comme nous ou en tout cas, qui fonctionnent comme une tribu humaine. Matoo, encore lui, cite Danse avec les loups. Effectivement, on n’en est pas loin.
Au final, l’impression d’avoir déjà vu ce film 1000 fois. La 3D est certes impressionnante, mais elle l’est tout autant dans la pub Haribo. D’un film présenté comme « révolutionnaire », on est droit d’attendre un peu plus que de jolies images.
Très beau film de Michael Haneke, Palme d’or au dernier festival de Cannes. Le ruban blanc raconte les événements tragiques qui surviennent dans un village autrichien à la veille de la première guerre mondiale. Le médecin du village est piégé, l’enfant du baron local est battu, un enfant trisomique est torturé. Tous ces faits sont l’œuvre d’une bande d’enfants du village. En donnant à voir cette cruauté, Haneke montre l’inéluctabilité de la seconde guerre mondiale et annonce la barbarie dont feront preuve ceux qui étaient enfants 20 ans plus tôt. Les images en noir et blanc sont sublimes. L’ambiance est glaciale. Les enfants sont terrifiants. Le ruban blanc en question est un oripeau censé être une preuve de pureté. On sait ce qui deviendra de ce concept par la suite.
Ai assisté hier soir à l’avant-première de Tu n’aimeras point (Eyes Wide Open, en V.O.). Film pas évident, économe en dialogues, assez lent, avec une atmosphère oppressante. (Attention spoiler à la fin du post)
Le pitch: chassé de son école talmudique, un jeune homme, Ezri (photo, à gauche), trouve refuge chez Aaron, un boucher ultra-orthodoxe de Jérusalem, marié et père de famille. Le désir qui s’installe progressivement entre les deux hommes va se heurter au conservatisme de la communauté religieuse du quartier.
Les homos ne sont pas les seuls visés par la bigoterie ambiante. Le couple Israël-Sarah est également séparé parce que le père de Sarah lui a choisi un autre homme. Eux aussi ne doivent « point aimer ».
Dans cet environnement, celles et ceux qui dévient de la norme ne peuvent survivre. Ils peuvent se soumettre, comme Sarah, quitter la ville, à l’image d’Ezri, ou disparaître dans un lac, comme Aaron dans les magnifiques dernières images du film.
Ce n’est pas très joyeux, pas très optimiste. Mais ça fait un beau film.
Encore un Pixar réussi…Ma plus grosse crainte en allant voir Là-haut était de devoir encore me farcir une intrigue à la Punky Brewster, genre le vieux bougon finit attendri par un enfant un-peu-pénible-mais-qui-en-fait-recherche-une-figure-paternelle. Fort heureusement, le film est bien plus subtil que cela. Certes, le vieux Carl Fredricksen finit par être attendri par le scout d'opérette Russell, mais le propos n'est pas vraiment là. Là-haut est avant tout une histoire d'amour, celle de Carl et Ellie, et de leurs rêves d'aventures, que Carl va tenter de réaliser à la mort de sa femme.
L'histoire en quelques mots: pour échapper à la maison de retraite, Carl va se souvenir du ballon qu'il tenait le jour où, enfant, il a rencontré Ellie. Il va en accrocher plusieurs centaines à sa maison, qui va ainsi s'élever dans les airs et l'emmener en Amérique du Sud, là où tous deux ont toujours rêvé d'aller. Ils rêvaient d'aventures, il va être servi.
C'est émouvant (la vie de Carl et Ellie qui défile au début du film). C'est drôle sans être lourd, (le collier qui fait parler les chiens, et qui se dérègle parfois). C'est bien écrit, on ne s'ennuie pas une seconde. Les images sont magnifiques, à donner le vertige – même en 2D. Et si au cours du film, on s'attend au message "la véritable aventure, c'est la vie à deux", là encore le film se montre un peu plus finaud. C'est une aventure, oui, mais parmi d'autres.
A posteriori, du coup, cette histoire n'en est que plus touchante.
Un ami me signale l'existence du film Were the world mine, une comédie musicale gay. Comme dans le Cercle des poètes disparus, l'intrigue semble tourner autout de la représentation de Songe d'une nuit d'été. Bande-annonce à voir ici. On attendra la sortie en DVD…
Une jolie réussite. Adapter Sondheim au cinéma est tout sauf évident. Tim Burton s’en tire avec les honneurs. L’oeuvre est globalement bien respectée. Les quelques coupes dans les chansons et le livret tendent parfois à simplifier les personnages ou certaines situations (le juge notamment), mais le film s’en trouve dynamisé.
On craignait beaucoup des voix des interprètes, Johnny Depp, dans le rôle titre et Helena Bonham Carter, dans celui de Ms Lovett, notamment. Si la seconde sonne parfois un peu juste, le premier s’en tire plutôt bien – son interprétation assez pop a le mérite de rendre un peu plus accessibles certaines chansons pas forcément évidentes à première écoute avec une voix plus opératique.
La musique bénéficie d’un large orchestre. Jonathan Tunick, aux orchestrations et Paul Gemignani à la conduction – deux vieux habitués du répertoire sondheimien – s’en donnent visiblement à coeur joie. Quel plaisir d’entendre La ballade de Sweeney Todd dans une salle bien sonorisée… Dommage qu’elle soit ici seulement instrumentale, alors qu’elle joue le rôle de choeur grec dans la pièce. Swing your razors wide, Sweeney…
Les seconds rôles sont excellents, Alan Rickman en juge Turpin en tête. Sacha Baron Cohen en Pirelli est également très convaincant, et le jeune acteur qui interprète Anthony est fort joli. Petite nouveauté à signaler pour Toby, qui est habituellement un jeune adulte un peu lent d’esprit : c’est ici un enfant. Peu importe, Not While I’m Around est toujours aussi beau.
Le seul point qui me gêne vraiment, c’est le style Burton, un peu toc. Une histoire comme celle de Sweeney aurait gagné a être traité avec une image plus sale, des travellings moins jolis. Mais on ne serait plus chez Burton…
Espérons que ce film pourra servir d’introduction à l’oeuvre de Sondheim pour un large public. On aimerait juste voir la promo du film assumer un peu plus le côte musical du film. Nombreux sont ceux qui doivent être un peu surpris de ce trouver devant ce film très musical, alors qu’à aucun moment le film n’a été vendu comme tel…
Où l’on entend Johnny Depp chanter (quelques petites secondes)…
Difficile de résister à Hairspray. L’adaptation du musical inspiré par le film de John Waters est une petite merveille de légèreté. N’ayant pas vu le film de Waters, je peux néanmoins comprendre les reproches qui ont été faits à ce film-ci. Mis à part l’apparition furtive du maître trash en personne, tout cela est bien lisse. On imagine sans peine qu’un Travelota Travolta grimé en américaine obèse n’a pas la même aura sulfureuse qu’une Divine. On aurait bien tort cependant de bouder son plaisir. La musique joue un grand rôle dans la réussite du film. La jeune Nikki Blonsky et le jeune et magnifique Elijah Kelley (qui a inspiré une note à Yvonne) et Queen Latifah – qui a fait des progrès en chant depuis Chicago – y sont également pour beaucoup. En revanche, Zac Effron, dans le rôle de Link, le beau gosse blanc du lycée, est totalement transparent et Michelle Pfeiffer un peu trop caricaturale. Quelques longueurs et parfois quelques lourdeurs, mais je défie quiconque de ne pas se trémousser dans son fauteuil de cinéma lorsque survient le finale You can’t stop the beat. Une pure comédie musicale, dans ce qu’elle peut voir de plus réjouissant.