Liza Minnelli – I will wait for you
Quand Liza chante Michel Legrand en 1972, à l’Olympia à Paris.
Quand Liza chante Michel Legrand en 1972, à l’Olympia à Paris.
Dans sa chronique du récital d’Audra McDonald au Châtelet, Renaud Machart, du Monde, jugeait que Barbara Cook était "scandaleusement méconnue" en France. je suis on ne peut plus d’accord avec l’adverbe. Barbara Cook est une chanteuse rare. C’est elle qui créa le rôle de Cunégonde, dans Candide, de Leonard Bernstein. C’est donc elle qui, la première, chanta le célèbre aria Glitter and be gay (dont j’ai parlé ici précédemment et qui se trouve dans ma Radio Broadway). A 80 ans maintenant, elle continue à chanter. Sa voix a un peu vieilli, bien sûr, mais elle est remarquablement préservée. Pas comme certaines… En 2001, elle a entamé une tournée hommage au répertoire de Stephen Sondheim. Une grande chanteuse qui rend hommage à Sondheim, je ne pouvais pas rater ça. Au menu de ce concert, il y a les chansons de Stephen Sondheim et "celles qu’il aurait aimé écrire", selon Barbara Cook. La plupart sont des chansons d’Harold Arlen, compositeur, entre autres de Over the rainbow ou The man that got away. Il y a aussi du Irving Berlin ou du Jerome Kern / Oscar Hammerstein. Mon ami pointilliste juge que sur ce récital, la voix de l’ex ingénue de Broadway a trop vieilli. Il a sans doute raison. Qu’importe, son interprétation de Send in the clowns (la meilleure de toutes les versions, à mon sens) me procure toujours autant de frissons. A noter quand lors de son concert à Carnegie Hall, celui qui a été enregistré, la diva est accompagnée sur quelques titres de Malcolm Gets, très brillant notamment dans le revival de Merrily we roll along de 1994, dont j’ai parlé ici également.
Elle fait partie du cercle restreint des actrices à avoir obtenu 4 Tony awards pour un rôle dans une comédie musicale. Audra McDonald est ce soir jeudi 1er juin au Théâtre du Châtelet pour une seconde représentation (la première ayant eu lieu mardi). Je ne peux malheureusement pas y être, mais vu le CV de la demoiselle je pense que c’est du solide. Et on trouve encore des places à 10 euros.Elle interprètes des standards américains et les grands classiques de la comédie musicale.
A voir à Paris, Le Projet Laramie, une pièce de Moises Kaufman, montée pour la première fois à Paris. Je n’ai pas encore vu la pièce et les critiques sont pour l’instant mi-figue mi-raisin, quoique plutôt favorables. En revanche, j’ai lu la pièce originale et vu son adaptation ciné. The Laramie Project raconte le meurtre de Matthew Shepard, vu par une troupe de théâtre qui est allée interroger les habitants de Laramie, dans le Wyoming juste après la mort du jeune étudiant. La pièce est divisée en "Moments". Il y a deux styles de "moments". Les premiers, brillants, mettent en scène une dizaine d’acteurs interprétant tour à tour les personnes qu’ils et elles ont interrogées. L’accent est totalement mis sur le jeu d’acteur, très peu d’accessoires sont nécessaires. Les seconds sont nettement moins intéressants.. Ils s’agit d’une retranscription des moments-clés du procès, l’intervention du fondamentaliste Fred Phelps, la déclaration du père de Matthew Shepard.Ces "moments" là sont un peu faciles, ils auraient eu plus leur place dans un documentaire. Ils gâchent un peu le reste de la pièce. Dommage, car ce qu’a fait cette troupe dans cette ville de Laramie est proprement fascinant.
Cabaret sera à Paris cet automne aux Folies Bergère. Le casting débutera le 27 mars. Le musical de John Kander, Fred Ebb et Joe Masteroff sera présenté dans la version de Sam Mendes et Rob Marshall (revival Broadway 1998, avec Alan Cumming). Pour ceux qui ne sont familiers que du film de Bob Fosse, avec Liza Minnelli, le musical est légèrement différent, il laisse plus de place aux personnages secondaires. Ceci étant, le revival 1998 semble être un mix des deux, avec des chansons comme Mein Herr, qui avaient été créées pour le film.
Voilà une putain de bonne nouvelle !
C’est peu de dire que la version cinématographie que Rent était attendue. Lorsqu’il a été annoncé, le choix du réalisateur a laissé perplexe. Chris Columbus est entre autres célèbres pour Maman j’ai raté l’avion ou un Harry Potter. L’histoire en bref : il s’agit d’une adaptation de La bohème de Puccini dans un New York (côté East Village) de la fin des années 80. La tuberculose dont sont atteints les protagonistes de La bohème est remplacée par le sida. Après avoir visionné le film, je ne sais pas vraiment quoi penser. L’histoire m’a accroché, malgré tout peut-être. C’est sûr que techniquement, y a pas mal de trucs qui clochent, comme le relève la fiche imdb du film.Pour ma part, je trouve le choix des chansons coupées assez judicieux. Certaines sont purement et simplement passées à la trappe, d’autres sont parlées plutôt que chantées (dont, dieu merci, ces horribles messages répondeurs qui servent de ponctuation). J’aurais peut-être sauvé Goodbye love, mais elle en aurait rajouté sans doute inutilement dans le pathos. Le seul défaut est sans doute qu’on a parfois l’impression d’assister à un enchaînement de chansons. Un peu plus de dialogue entre deux poussages de chansonnettes n’auraient pas fait de mal. Et avec ça, le film fait déjà 2 bonnes heures. J’ai apprécié aussi la volonté de garder le cast original. Seules deux actrices manquent à l’appel, les Mimi et Joanne de l’OBC, la première étant enceinte, et la seconde étant maintenant « trop vieille » pour le rôle (argument bizarre puisque tous les autres ont aussi 10 ans de plus, mais bon). On a donc appelé une star montante, Rosario Dawson, pour le rôle de Mimi. Si elle n’a pas une voix extraordinaire, elle tire malgré tout son épingle du jeu. Les autres jouent sur du velours, et même l’acteur qui joue Roger n’en fait pas des tonnes (alors qu’il était un peu pénible sur le CD de l’OBC). Wilson Jermain Heredia, qui joue Angel, le travesti, montre qu’il a bien mérité son Tony Award de l’époque. Les chansons sont égales à elles-mêmes, excellentes. Les voir enfin incarnées (je n’ai pas vu le musical, sinon sur un fichier DV pourri de e-mule), leur donnent une profondeur bienvenue, à l’image d’Another Day ou La vie bohème. J’espère que le film marchera en France aussi bien que Chicago et que le résultat sera le même : faire venir le musical sur scène, à Paris. Il existe une version française (québecoise) de Rent, il serait dommage de s’en priver.
Voici une (très) longue et très intéressante interview de Stephen Sondheim, datant de juillet 2005. On peut y voir notamment de nombreux extraits vidéos du compositeur, qui fêtait l’an dernier ses 75 ans. Il évoque de nombreux aspects de sa vie : son enfance, ses relations avec son mentor et "second père" Oscar Hammerstein II, sa manière d’écrire, et ses comédies musicales, bien évidemment, jusqu’à Assassins. Pas un mot sur les deux plus récentes, Passion et surtout Bounce, la seule qui ne soit pas parvenue jusqu’à Broadway. Il ne dit pas non plus si après l’échec de cette dernière il continue à écrire.
"It’s all in "Finishing the Hat."[from Sunday in the park with George] It’s all about trancing out,
and when you trance out properly, when the writing is… it’s not
necessarily going well, but when you’re completely in that world, there
is no other world, and so there’s no conflict."
Parfois, on parle un peu vite. Prenez l’auteur de ce blog, par exemple. J’étais sûr d’avoir trouvé l’explication concernant le titre de Send in the clowns. Eh bien, en fait, j’étais à côté de la plaque. Pas très loin, mais à côté. J’ai trouvé la réponse sur Wikipedia, dans l’article consacré à la chanson. Je cite :
The title refers to a phrase reputedly used in a circus when an unforeseen disaster had occurred, with the clowns being sent in to distract the audience from the problem. Alternatively, the title could refer to the practice in vaudeville theatre of sending the clowns on to the stage to distract the audience after a particularly bad act.
Dont acte. Ca a tout de suite un peu plus de sens, non ? C’est la chanson la plus populaire et la plus enregistrée de Stephen Sondheim. Mes versions préférées sont dans le désordre, l’originale, tirée de A little night music, celle de Glenn Close dans Sondheim : A celebration at Carnegie Hall, et celle, peut-être la plus poignante, de Barbara Cook dans Mostly Sondheim.
Le cinéma sert encore à quelque chose. La preuve : hier je suis allé voir Brokeback Moutain pour le prix modique de 9,50 euros (j’ai quitté Paris il y a deux mois et c’était 9,10. 20 centimes chaque mois ce n’est plus de l’inflation, c’est presque un krach) et j’ai enfin compris d’où venait l’expression "Send in the clowns", qui sert de titre à la chanson la plus célèbre de Stephen Sondheim. Cette expression s’utilise dans un contexte de Rodeo. Dès que le cavalier chute, pour distraire la bête et éviter qu’elle ne le piétine, on envoie un ou des clowns, avec l’injonction, je vous le donne en mille, "Send in the clowns !". Pour resituer le contexte, la chanson de Sondheim fait partie de la comédie musicale A little night music. C’est le personnage de Désirée Armfeldt, une actrice middle-aged qui espère reconquérir son ex, qui la chante. Créé par l’actrice Glynis John, le titre a ensuite été repris par des dizaines d’artistes et continue de l’être régulièrement.
Accessoiremment, Brokeback Mountain est un très beau film. Si j’étais vous, je ferais en sorte de ne pas le rater.
Ok, vous l’aurez compris : j’ai tapé « Liza Minnelli » dans le moteur de recherche d’e-mule… Et j’ai rudement bien fait ! Car j’ai déniché une autre rareté, un medley chanté par Liza Minnelli et sa demi-soeur, Lorna Luft (fille de Judy Garland et Sid Luft), en 1993 à la cérémonie des Tony Awards, que Liza présente cette année là. Je ne connais pas toutes les chansons du medley, mais en plus de Not while I’m around, j’ai reconnu le If Momma was married deGypsy.
[Edit: 5 ans après ce post, il y a Youtube… 🙂 ]
Mieux que Hello, Dolly. En 2001, la comédie musicale de Mel Brooks, The Producers, d’après un de ses films, a remporté pas moins de 12 Tony Awards, soit deux de plus que le musical de Jerry Herman, précédent recordman. L’histoire en bref : un vieux producteur de Broadway et un comptable aspirant producteur s’associent pour produire le pire musical de l’histoire de Broadway. En se débrouillant bien, ont-ils calculé, il y a plus d’argent à se faire avec un flop qu’avec un succès – à condition de se tirer très vite à l’étranger avec l’argent. Leo et Max, interprétés par Matthew Broderick et Nathan Lane, trouvent la pièce idéale pour faire un flop : « Springtime for Hitler ». Ils se mettent en quête du plus mauvais directeur de Broadway et ils tombent sur une vieille folle idiote, Roger DeBris. La chanson Keep it gay (dans ma Radio Broadway) est l’une de mes préférées :
MAX:
Listen, Roger: did you get a chance yet to read Springtime for Hitler?
ROGER:
Read it? I devoured it! I for one, for instance, never realized that the Third Reich meant Germany.
MAX:
Yeah, how ’bout that? Then you’ll do it?
Plus loin, Roger explique son point de vue dans la comédie musicale, il faut « keep it gay » et il faut un happy end :
ROGER & CARMEN:
A happy ending will pep up your play...
ROGER:
Oedipus won’t bomb…
CARMEN:
If he winds up with Mom!
Keep it gay!(…)
ROGER:
Of course that whole second act has to be rewritten. They’re losing the war? Excuse me. It’s too downbeat.
Roger a déjà quelques idées de mise en scène :
I see German soldiers dancing through France
Played by chorus boys in very tight pants
Roger dirige la pièce et finalement, le public prend Springtime for Hitler pour une comédie et c’est un succès. Après quelques péripéties, Leo et Max finissent en prison, d’où ils préparent leur prochain flop : Prisoners of love.
Après le succès à Broadway, un film devrait sortir courant 2006.
Je suis actuellement en train de lire Stephen Sondheim : A life, la seule véritable biographie ("autorisée") de Sondheim, par Meryle Secrest. Ce livre, évidemment passionnant, raconte la genèse du génie de Stephen Sondheim, puis navigue au fil de ses oeuvres, de ses réussites (West Side Story, Gypsy, A little Night Music, Sunday in the park with George, etc.) et ses échecs (Anyone Can Whistle, Merrily, we roll along). La première partie du livre, qui revient sur la période allant de son enfance au début de sa vie d’adulte est la plus intéressante. Peu d’hommes ou de femmes n’ont eu autant d’atouts en main pour réussir dans le domaine artistique : famille aisée, qui peut payer des cours de musique et l’envoyer dans de bonnes écoles, mère juive abandonnée qui devient monstrueuse – de quoi donner une bonne névrose favorisant l’inspiration, relations en or – il est ami avec les enfants des deux hommes ayant révolutionné la comédie musicale américaine, Oscar Hammerstein II et Richard Rodgers (Hammerstein le prendra d’ailleurs sous son aile), coups de bol : rencontre avec le dramaturge Arthur Laurents qui convainc Leonard Bernstein et Jerome Robbins de lui confier les paroles de West Side Story… L’anecdote la plus célèbre est sans doute celle de By George, la toute première oeuvre de Sondheim, écrite pour son lycée, alors qu’il n’a que 15 ans. Il la montre au père de son ami Jamie Hammerstein et lui demande crânement de la lire et de la critique comme si c’était du travail professionnel. Verdict du maître : "C’est la pire chose que j’aie jamais lue". Devant la perplexité et l’abattement de son jeune interlocuteur, Oscar Hammerstein ajoute : "je n’ai pas dit que c’était sans talent, mais que c’était mauvais. Si tu veux savoir pourquoi c’est mauvais, je t’expliquerai." Stephen Sondheim dit qu’il a alors appris plus sur l’art de faire des comédies musicales en une après-midi que la plupart des auteurs en toute une vie. L’influence d’Hammerstein ne s’arrête pas là. Il lui donnera des exercices et critiquera ses premiers travaux. Le mentor mourra toutefois avant que son élève produise sa première véritable oeuvre, A funny thing happened on the way to the forum. A partir de là, la biographie demeure très prenante, mais devient un poil plus académique et pourrait être finalement celle de n’importe quel autre acteur du show business de Broadway. Autre anecdote, révélatrice d’un autre trait de caractère de Sondheim : l’arrogance. Alors qu’il a la vingtaine, raconte Meryle Secrest, on emmène le futur compositeur chez Cole Porter, alors handicapé et vieillissant. Sondheim, qui avait composé une parodie de chanson de Porter, intitulée La Bordelaise, se met crânement au piano et interprète sa parodie. Porter reste stoïque et se contente de lui conseiller de rallonger la fin, parce que c’est ce que lui fait toujours. "Le pauvre, il savait exactement ce que je faisais", commentera Sondheim.
Suite des commentaires au prochain épisode.
Lire cette interview de Julie Andrews sur tetu.com, à l’occasion de la sortie du DVD 40ème anniversaire de La mélodie du bonheur (The sound of music, en V.O.), un film de Robert Wise d’après une comédie musicale de Rodgers et Hammerstein.
Voilà un documentaire intéressant. Un homme, le réalisateur Rick McKay, se penche sur l’un des aspects les plus fascinants de la culture américaine, la comédie musicale : Broadway. En se faisant sa propre culture sur le sujet, lorsqu’il était jeune, Rick McKay, s’est vite rendu comte que tout le monde répétait ce qui semblait être une évidence : Broadway a connu un âge d’or, avec des actrices comme Ethel Merman, Angela Lansbury, Kim Stanley, des acteurs comme Marlon Brando, Ben Gazzara, Jerry Orbach ou des danseurs comme Bob Fosse, Gwen Verdon, les Nicholas Brothers, etc. Cet âge d’or s’est soi-disant achevé avec l’avènement de musicals plus "rock" comme Hair et surtout avec une nouvelle invasion britannique, par le biais de Lloyd Weber et Tim Rice, de leurs Jesus Christ Superstar ou Cats, de producteurs comme Cameron McIntosh. Rick McKay a fini par se poser une question : cet âge d’or a-t-il vraiment existé ? Chaque époque n’est-elle pas destinée à devenir un âge d’or à la génération suivante ? Armé d’une simple DV, il est allé interviewé ni plus ni moins que les plus grandes stars (encore vivantes) de ce supposé "golden age". C’est le plus impressionnant dans ce documentaire : elles sont toutes là, à l’exception notable de Julie Andrews, mais qui a l’excuse d’avoir eu des ennuis de santé à l’époque. Pas toujours en bon état, rarement à leur avantage (éclairage sommaire, image très brute), mais à peu près tout ce que Broadway a compté de grande star des années 40, 50 et début 60 qui tient encore assis devant une caméra (les interviews ont eu lieu à la fin des années 90) est là. Tous et toutes décrivent une vie à peu près similaire (où est-ce la magie du montage ??) : précarité, vie pratiquement communautaire (ils citent tous le même bar et le même restaurant), coût très peu élevé des spectacles. Lorsqu’il s’agit de citer leur plus grand influence théâtrale, ils et elles sont unanimes : c’est Laurette Taylor, dont l’auteur, il le reconnaît lui-même, n’avait jamais entendu parler avant de faire son film. Laurette Taylor est une actrice de la première moitié du XXè siècle, morte à la fin des années 40, réputée pour son alcoolisme et son jeu extraordinaire. LE rôle qui a marqué les témoins du film est celui qu’elle tenait dans The glass menagerie, de Tennesse Williams. Il n’existe que très peu de documents filmés d’elle, à part quelques muets, il n’y a que des essais pour Hollywood qui n’ont mené à rien. Ces essais, assez impressionnants, sont dans le film. Toutes et tous se rappellent aussi avec émotion les débuts fulgurants et la beauté sauvage de Marlon Brandon (qui n’est pas interviewé, en revanche, alors qu’il était toujours vivant lors du tournage, mais qui est remercié dans les crédits). La question centrale du film : "était-ce un âge d’or ?" est bien évidemment largement explorée. Pour beaucoup la réponse est positive. Pour certaines comme Angela Lansbury, il est définitivement révolu. D’autres se souviennent qu’à leurs débuts dans les années 50, on disait déjà que Broadway est fini. Tous soulignent en tout cas le prix exhorbitant des productions d’aujourd’hui, avec comme exemple le plus extravagant la fameuse place à 480 dollars pour The Producers, de Mel Brooks, avec Nathan Lane et Matthew Broderick à la fin des années 90. Cette surenchère dans les budgets serait en grande partie responsable selon eux de l’évolution des musicals. Certains s’en prennent au micros, qui tuent l’esprit de la comédie musicale. D’autres aux moyens gigantesques, comme cet hélicoptère qui se pose sur la scène dans Miss Saigon, qui ne laissent plus aucun espace aux acteurs. Le documentaire ne présente malheureusement que des bribes de performances, souvent parce que ces performances n’ont pas été enregistrées.
D’habitude, je ne m’intéresse guère aux bonus DVD, mais dans ce cas précis, ils valent très largement le détour. Une fin alternative est proposée, avec des acteurs de la génération suivante qui évoquent ce qu’est devenu Broadway. Cette fin a été abandonnée car le réalisateur travaille actuellement à un autre film, justement intitulé Broadway : The next generation, dont le DVD nous offre un petit aperçu (de 35 minutes quand même), avec Patti LuPone, Betty Buckley et bien d’autres. Autre trésor, cette leçon de danse par Bob Fosse et Gwen Verdon, sur le titre Whatever Lola Wants, tiré de Damn Yankees. Plus anecdotique, une vingtaine de minutes de reportage sur les premières du film (qui a ensuite été largement récompensé) à Broadway et Hollywood (Fay Wray, la première victime de King Kong, en chaise roulante, est même de la partie), avec tout le cast, venu récolter les dernières bribes d’une gloire bientôt passée.
Le film, au vu des commentaires que j’ai lu ou entendu, me semble un poil surestimé. Mais il réssucite pendant quelques dizaines de minutes des performers d’une qualité exceptionnelle qui risquent de tomber dans l’oubli et en cela, il est essentiel.