Rufus à l’Olympia
Rufus Wainwright donnera son concert hommage à Judy Garland à Paris le 20 février prochain. Les places seront en vente début novembre. [lire la brève]
Rufus Wainwright donnera son concert hommage à Judy Garland à Paris le 20 février prochain. Les places seront en vente début novembre. [lire la brève]
A voir, ces deux vidéos tirées du DVD The making of West Side Story [sa fiche amazon], de 1984. On y voit le chef d’orchestre et compositeur martyriser ce pauvre Jose Carreras. Maria est le morceau que je préfère de cet enregistrement (avec entre autres Kiri Te Kanawa), que je trouve par ailleurs assez empesé.
Avant première de Cabaret, le musical de Joe Masteroff, Fred Ebb et John Kander, revisité par Sam Mendes et Rob Marshall, hier soir aux Folies Bergères. Inutile de dire que j’attendais ce moment avec impatience. Mes impressions sont mitigées. Mais il s’agissait de la première de la série des "previews" d’une preview. La véritable première aura lieu le 27 octobre. De plus, deux des acteurs principaux (le Emcee et Sally Bowles) étaient joués par des doublures et non par les titulaires. Je ne peux donc pas être définitif dans mon jugement.
Le principal flottement que j’ai observé était au niveau du casting. Le Emcee s’en tirait pas trop mal, mais la Sally Bowles était parfois un peu juste. Les numéros dansés étaient eux aussi parfois un peu approximatifs. J’ai trouvé Catherine Arditi, dans le rôle de Fraülein Schneider assez peu convaincante. Ce n’est pas son chant qui est en cause (Lotte Lenya, la "divine casserole", qui a créé le rôle n’a jamais vraiment chanté juste non plus), mais plutôt le côté comédie, qui ne sonnait pas toujours juste. L’acteur qui interprète Herr Schultz et l’actrice qui joue la pute Fraülein Kost étaient en revanche tous deux excellents. Celui qui jouait Cliff (le rôle de Michael York dans le film) était transparent, mais c’est peut-être le rôle qui veut ça. Ensuite, j’ai relevé quelques détails, comme ce masque horrible de la gueunon dans le numéro "If you could see her" ("Si vous la voyiiez comme je la vois") qui gâche un peu toute la chanson.
Pour le reste, ce n’est que du bon. Une très bonne traduction, d’abord. Pas un mot qui sonne mal, même dans les chansons, comme c’était le cas dans les adaptations de Chicago ou Torch Song Trilogy. Certaines chansons perdent un peu de leur force en français, mais ça il était difficile de totalement l’éviter. Le livret, la musique et les paroles restent en outre des modèles du genre. Cette version est en fait un mélange du musical original et du film. Les chansons Mein Herr ou Maybe this time, qui ne figurent pas dans le musical ont été rajoutées. Le film est centré sur Sally Bowles, interprétée par Liza Minnelli. La pièce laisse beaucoup plus de place à des personnages qu’on ne voit que peu ou pas dans le film. Et c’est bien. Les chorégraphies de Rob Marshall ne déméritent pas. Passer après Bob Fosse n’est jamais évident. Mais là, c’était sans prétention, et plutôt réussi, à l’exception peut-être de Mein Herr, un peu plat.
Encore une fois, ce ne sont que des impressions ressenties lors d’une avant-première, avec des doublures dans les rôles principaux. Je les confirmerai ou infirmerai dans une seconde visite lorsque le musical aura un peu plus tourné.
C’est dans les colonnes de l’Ottawa Citizen, le 7 octobre dernier que Joni Mitchell a annoncé qu’elle sortait de sa retraite volontaire et qu’elle écrivait actuellement un nouvel album, le premier depuis pratiquement 10 ans [lire l’article "Joni Mitchell’s fighting words"]. Elle avait pourtant juré qu’on ne l’y prendrait plus. C’est l’état actuel du monde qui la révolte et qui l’a faite sortir de sa réserve. Elle compte donc rester dans son style depuis les années 80 : le commentaire politique. Malheureusement, ce n’est pas ce qu’elle fait de mieux. Et encore, cela n’est rien en comparaison de cet horrible son de guitare qui a pollué ses 6 ou 7 derniers albums (mon préféré reste Night Ride Home, de 1991). Si seulement elle restait au son big band de ses deux derniers disques, Both sides now et Travelogue, composés de reprises (des autres, puis de ses propres titres)… Malgré tout, cet album est attendu avec impatience par tous les admirateurs de Joni. Il serait surprenant qu’en cherchant un peu on n’y trouve pas quelques perles, malgré tous les efforts que l’artiste déploie pour nous décourager.
Si le Sondheim, etc. de Bernadette Peters était mon disque préféré de 2005, celui de 2006 serait sans doute le Live from London de Barbara Cook. J’avais déjà deux live de Barbara Cook, un de 1976, assez mal enregistré et un autre de 2000, hommage à Sondheim, où sa voix avait un peu vieilli (quoique remarquablement préservée pour une femme de plus de 70 ans). Celui a été enregistré en 1994. J’ai déjà mis sa version de Come rain or come shine dans ma Radio Broadway. Le reste est à l’avenant. Qu’elle reprenne d’autres classiques comme Ac-cen-tchu-ate the positive (encore du Harold Arlen), des chansons moins connues comme Ship in a bottle, ou des titres ultras connus comme Beauty and the beast ou Losing my mind, il n’y a que de l’exceptionnel. Elle chante même l’hymne homo Love don’t need a reason, avec des paroles écrites par Peter Allen, assistant de Judy Garland, premier mari de Liza Minnelli et… gay (le musical The Boy from Oz est tiré de sa vie). Sa voix n’est ni trop aiguë, ni trop vieillie comme sur les deux enregistrements cités ci-dessus. Peu de choses à ajouter sur ce disque si ce n’est, pour me répéter, qu’il est exceptionnel. Pour vous en convaincre, voici un autre titre, émouvant :
Ship in a bottle (Amanda McBroom), par Barbara Cook.
Ce soir, comme tous les mois, ce soir c’est Androgyny au Pulp, boulevard Poissonnière à partir de minuit. Toutes les infos sur le site [voir le blog] et la page MySpace [voir le profil]
Rien de tel qu’un mauvais public pour vous gâcher un spectacle. Accueillir une représentation d’Hedwig and the angry inch en restant assis par terre, c’est plus que malpoli, c’est un contresens. Je veux bien que ce spectacle soit une sorte de soirée officielle de l’Existrans, qui avait eu lieu dans l’après-midi et que les gens soient fatigués. Dans ce cas-là, on pourrait au moins lever son cul avant le rappel. Mais non. Je me suis donc retrouvé pratiquement seul, debout au milieu de personnes assises. Evidemment, j’ai dû battre en retraite au fond de la salle au bout de quelques chansons, sous la pression amicale et insistante de mes co-spectateurs. Heureusement, cela ne m’a qu’à peine empêché d’apprécier la performance de la première troupe à reprendre Hedwig en France. Le livret du show a été traduit en français, les chansons restent en anglais, avec un sous-titrage. A noter quelques efforts d’adaptation au public français, plutôt réussis je trouve. L’interprétation est tout à fait plaisante, Mathieu Bonicel n’a pas à rougir de son Hedwig, bien au contraire, et le groupe est assez efficace. C’est un vrai plaisir de voir la version scénique de cette oeuvre, à la fois plus ramassée et peut-être plus cohérente que le film. Surveillez bien leurs espaces web pour assister à leurs prochaines performances.
Pour quelqu’un qui se targue d’apprécier la comédie musicale, ne pas avoir vu les meilleures comédies musicales françaises commençait à devenir intenable. Ce scandale sans précédent est donc maintenant résolu. Je sais que beaucoup préfèrent les Parapluies, Palme d’or à Cannes en 1964. Mais j’avoue que j’aime tout autant les Demoiselles. Tous deux sont des chefs d’oeuvre, chacun dans leur genre. Les Parapluies est entièrement chanté, ou « en chanté » pour reprendre le terme inventé par Demy, et c’est un drame. Les Demoiselles est une pure comédie, aussi légère qu’une bulle de savon, et des les chansons sont entrecoupées de dialogues. Je crois que c’est aussi le film le plus homosexuel que j’ai vu depuis longtemps. Chaque élément de ce long-métrage est un monument de campitude, les robes, les couleurs, les répliques, les actrices (Deneuve et Dorléac), la musique de Michel Legrand, les marins (Jacques Perrin, plus tapette tu meurs, qui cherche la « femme idéale »- mouahaha, ou le macho George Chakiris, vu aussi dans West Side Story). On y croise même un Gene Kelly vieillissant, mais encore capable de danser avec grâce.
Les Parapluies est une histoire triste. C’est le premier grand film de Deneuve qui y est éclatante de beauté. Le budget est plus resseré, cela se voit. Aux dizaines de figurants et danseurs de Rochefort se substituent les sombres rues vides de Cherbourg. Et puis le thème des Parapluies est l’une des plus belles compositions de Michel Legrand. Il est étrange que si personne mis à part Ducastel et Martineau, avec leur Jeanne et le garçon formidable, n’ait repris le flambeau. Personne n’a sans doute osé se mesurer au tandem Demy/Legrand.
Parce que Nico me l’a gentiment demandé, je vais l’aider à passer des disques le jeudi 12 octobre prochain au bar O’Kubi, rue Saint-Maur. On a même trouvé un nom pour cette soirée. C’est "Rebel Rebel". Pas mal, non ? Le beau flyer est signé Polychrom. Et non, ce n’est pas un montage. Et je ne fais pas 1,52m, non plus. Nico saute très haut, voilà tout. Et la perspective, ça aide. Le premier effet Kiss cool de cette soirée est que cela m’a obligé à décoller le nez de Joni-ani-Diana Krall et Broadway deux secondes et à (re)chercher plein de titres intéressants à faire écouter à celles et ceux qui feront le déplacement.
En attendant, vous pouvez aller repérer les lieux ce soir (jeudi 5) à l’occasion de la "Dans ta face, connasse" de Ninox et Coco. Toutes les infos sur le profil MySpace de Ninox. Et le 14, vous pourrez assister à la deuxième de "La soirée Chatte !" de nos amis Freaky Doll et Enola-G. Si vous ne saviez pas où sortir ces prochains jours pour écouter de la bonne musique, vous voilà renseignés.
L’album de Patti LuPone, The Lady with the torch pose la toujours délicate question du cross-over. Un(e) artiste peut-il sortir d’un genre musical auquel il est profondément associé et être convaincant ? La réponse est toujours incertaine. Dans le cas de The Lady with the torch, dans lequel Patti LuPone s’essaie au jazz, on ne peut pas être totalement affirmatif. Même si sa prestation est tout à fait honorable, Patti ne parvient pas assez à se défaire de ses habitudes et tics vocaux pour se mesurer aux grandes du jazz. C’est flagrant sur The man I love, qu’elle "belte" un peu trop. Mais cela passe sur d’autres titres comme I’m through with love. En fait, la véritable question est celle-ci : les amateurs purs et durs de jazz aimeraient-ils cet album ? Sans doute pas, pour être honnête. Patti n’est pas assez féline pour le genre, le jazz ne se chante pas dans un théâtre et la voix de l’interprète est trop modelée pour ce type d’espace. Néanmoins, cela reste plaisant à écouter. Et puis Patti reste Patti : dans le livret elle qualifie ainsi la chanson Body and soul "A song from the Great Depression – mine".
Marianne Faithfull a annoncé il y a deux semaines qu’elle avait un cancer du sein. Avec un peu de retard, ce blog lui souhaite un bon rétablissement. Sa prochaine tournée, qui devait être « acoustique », était censée commencer le 7 octobre prochain à Paris. Elle a évidemment été reportée et Marianne assure sur son site que « la tournée de l’année prochaine sera une grande fête ». En attendant, n’hésitez pas à visiter la section multimédia de son site officiel pour écouter les extraits de ses plus grands titres et quelques raretés.
Ci-dessous, Crazy Love, titre qu’elle affectionne tout particulièrement dans son dernier album Before the poison.
Ce n’est pas parce qu’on est béton sur le fond qu’il faut délaisser la forme. Les disques de Diana Krall sont bons. On peut ne pas aimer, mais leur qualité est incontestable. Et surtout les pochettes de disques sont assez belles. De plus en plus même. Lors de ses premiers albums, je la soupçonnais même de ne faire des disques que pour trouver un prétexte à se faire prendre en photo avec de jolies robes. Ce ne serait pas la première… Mais heureusement, comme je l’ai dit, Diana Krall fait de bons disques. Le dernier, From this moment on, ne fait pas exception. Je confesse toutefois une pointe de déception lorsque je l’ai découvert. Ce qui m’avait plu dans le précédent, The girl in the other room, c’était qu’elle se mouillait, en incluant plusieurs de ses propres compos, co-signées avec son mari Elvis Costello. Et quelles compos ! The girl in the other room, Narrow daylight ou le superbe Departure bay, pour ne citer qu’eux, sont de véritables joyaux et tournent plus souvent qu’à leur tour sur mon iTunes. Les reprises, elles, lorgnaient alors vers la musique indé et la folk, avec Temptation de Tom Waits ou Black Crow, de Joni Mitchell. Alors il en va ainsi de la nature humaine : plus c’est bon, plus on en redemande. Mais Diana n’en a cure. Sur From this moment on, elle revient à ses classiques. Elle a même fait péter le big band pour l’occasion. Les titres sont de Cole Porter, Irving Berlin, Warren et Dubin (le beau Boulevard of broken dreams, l’un des meilleurs titres), Johnny Mercer, Dorothy Fields, Rodgers & Hart (Little girl blue, magnifique), les frères Gershwin, etc. De la très belle ouvrage, sans aucun doute, peut-être un poil trop classique à mon goût. Mais quelle voix. Et quel swing. Difficile d’y résister.
Androgyny fait sa rentrée. Vendredi 22 à partir de minuit au Pulp, boulevard Poissonnière, avec du beau monde, comme d’hab’.
River, de Joni Mitchell a été reprise des dizaines de fois, aussi bien par Renée Fleming que Madeleine Peyroux, en passant par les Indigo Girls. C’est la version de ces dernières que je compare aujourd’hui à l’originale. Dans l’intro de River, on peut reconnaître les notes d’intro de Jingles Bells. River est complainte de noël. Deux thèmes s’en dégage. La mélancolie causée par une séparation amoureuse, tout d’abord. Joni est à l’époque entre deux relations et la transition entre les deux est difficile. Ensuite, émigrée californienne, elle a la nostalgie de son pays, le Canada, déjà évoqué dans une autre chanson de l’album, A case of you ("I drew a map of Canada / Oh Canada…"). Tout cela en fait sans doute la plus triste chanson de Noël jamais écrite.
Joni interprète cette chanson au piano, qui n’est pas son instrument de prédilection mais dont elle tire magnifiquement parti. Emily Saliers, des Indigo Girls, qui interprète seule la chanson dans le live 1200 Curfews, adapte la mélodie à la guitare. Sa version n’a certes pas la force mélancolique de celle de Joni, mais elle fait justice à la chanson en la chantant comme une ballade folk intemporelle. A noter aussi, un petit changement de paroles. Joni chante "I wish I had a river so long…", Emily le transforme en "I wish I had a river so wild…" ; les deux concluent en tout cas "I would teach my feet to fly". Ces quelques détails mis à part, les deux sont finalement assez proches, et vu la beauté de la chanson, il n’y a pas lieu de s’en plaindre. Et après, promis, j’arrête de parler de Joni.
La version de Joni Mitchell, sur Blue, 1971.
Celle des Indigo Girls, sur 1200 Curfews, 1995.
Très bon article du New York Times sur John Kander de la paire Kander et Ebb, intitulé "Kander without Ebb ? Start spreading the news" [lire l’article]. Pour celles et ceux qui débarquent Kander & Ebb sont les auteurs des chansons de Chicago, Cabaret et New York, New York, entre autres. Fred Ebb est mort en 2004, alors que la paire avait encore sur le feu 4 musicals. John Kander vient de terminer l’un de ces projets, Curtains, avec l’aide d’un autre parolier, et en écrivant lui-même quelques paroles.Laurent, qui a vu l’une des premières représentations, en parlé dans cette note. L’article du New York Times est intéressant à plus d’un titre. J’avoue par exemple que j’ai toujours cru que Kander et Ebb formaient un couple. Je trouvais curieux que cela ne soit mentionné nulle part, mais je prenais cela pour de la pudeur venant de deux hommes nés dans les années 20 pour Kander et 30 pour Fred Ebb (officiellement du moins). J’avais tort. Ils formaient une équipe platonique à l’image de celle de Betty Comden et Adolph Green. Désormais, nous apprend l’article, John Kander a l’intention de finir les projets commencés avec Fred Ebb. Et après, il verra.
[Via Broadway Pulse]