Au revoir, Dexter
Dexter s’est donc achevée dimanche soir aux Etats-Unis, au terme de sa huitième saison. Comme beaucoup (Lire Dexter s’en va, bon débarras), je suis plutôt soulagé que la série soit terminée. Dans ses premières saisons Dexter avait tous les ingrédients d’une grande série: ambiance étouffante, intrigue dense, cast génial (Michael C. Hall et Jennifer Carpenter en tête, sans oublier Julie Benz en gentille mère blessée par la vie). Avec en toile de fond cette ambiguïté permanente: Dexter est-il monstrueux ou humain?
Puis les scénaristes ont fini par tourner en rond. J’ai lu ici et là que la quatrième saison, avec son finale choc, aurait dû être la dernière. Je suis globalement d’accord, même si j’avais bien aimé la cinquième (celle de Lumen, chronique ici Dexter, saison 5) . Trop d’errances, trop d’incohérences, trop de revirements invraisemblables, trop de nawak (la palme pour le passage où Debra pense qu’elle est en fait « amoureuse » de Dexter) ont ensuite parsemé les années suivantes.
Mais j’ai continué à regarder, par fidélité, et parce que de temps à autre quelques étincelles pouvaient rappeler la grandeur passée (à l’image du finale de la saison 7). Cette saison 8 était annoncée à l’avance comme la dernière. Un baroud d’honneur? Même pas… Les quelques personnages intéressants ou ceux qui auraient pu l’être, comme le Dr Vogel, interprétée par l’excellente Charlotte Rampling, ont été vite soit abandonnés soit désamorcés.
Même le finale s’est révélé décevant.
Michael C. Hall avait prévenu il y a longtemps déjà: Dexter n’est pas le genre de personnage qui a droit à un happy end. Ca se défend tout à fait et d’happy end nous n’avons donc pas eu. Mais il s’en est fallu de peu. Comme à son habitude Dexter parvenait à se tirer de toutes les situations. Alors ils ont tué Debra. A la fois trop facile et trop gros pour être le choc que les scénaristes ont sans doute voulu. Dans cette dernière saison, la sœur de Dexter n’était déjà plus que l’ombre d’elle-même. Alors à quoi bon? Puis vient le moment où Dexter décide qu’il a ruiné suffisamment de vies comme ça et emmène son bateau dans l’ouragan qui s’apprête à toucher Miami. Pour un être comme Dexter, il n’y a pas 36 scénarios possible: soit il était arrêté, soit tué soit il se suicidait. Le suicide semblait assez logique. Eh bien, on ne sait comment, mais Dexter survit à l’ouragan et reprend une vie – vraisemblablement malheureuse – loin de son fils, laissé avec sa compagne en Argentine. Pour les showrunners, qui défendent leurs choix dans cette interview, il s’agissait d’illustrer une espèce de prison émotionnelle dans laquelle Dexter se serait auto-enfermé. Meilleure idée sur le papier qu’à l’écran visiblement.
Le pire est sans doute qu’à ce stade-là ce qui peut arriver à Dexter, on s’en fout. Dommage d’en être arrivé là. Gardons tout de même en tête à quel point cette série a pu être fabuleuse – ce qui n’est pas donné à toutes – et, allez, sans rancune, au revoir Dexter.
Et un au revoir particulier à Michael C. Hall, que je suis depuis maintenant treize ans, d’abord dans Six Feet Under puis dans cette série. Grand acteur.