Putting it together (DVD)
Putting it together est une revue consacrée aux chansons de Stephen Sondheim. Elle a été créée en 1993 à Broadway. Elle met en scène les états d’âmes de deux couples, dont l’un a quelques heures de vol, et un "commentateur". A l’époque, cette production a marqué le grand retour sur Broadway de Julie Andrews, après 30 années d’absence. En 1999, le show a été repris à l’Ethel Barrymore Theatre, avec un cast béton : George Hearn, John Barrowman et Bronson Pichot côté masculin et rien moins que Carol Burnett et Ruthie Henshall côté féminin. La version de 1993 a été éditée en CD, celle de 1999 l’a été en DVD, dans une version assez raccourcie. La comparaison entre les deux vaut surtout pour le match fictif Andrews / Burnett. The Ladies who lunch, qui figure dans le livret avait dû être retiré du spectacle car l’indécrottable accent british de Dame Julie ne collait pas vraiment avec le bagoût new-yorkais nécessaire à l’interprétation de ce classique extrait de Company, rendu célèbre par Elaine Stritch. En revanche, le même phrasé pincé fait des merveilles sur une chanson comme My Husband, the Pig (coupé de A Little Night Music) ou sur Getting Married Today (Company), sur lequel Burnett rame quelque peu (mais quelle comédienne !). En revanche, la voix profonde et la diction de l’actrice/animatrice de télévision se fait plus souvent émouvante, comme sur Everyday A Little Death (A Little Night Music) ou Like It Was (Merrily, we roll along). Dans la version de 1999, on retient aussi l’interprétation de George Hearn, dont la voix a un peu vieilli, mais qui, du coup, colle bien à l’intrigue. John Barrowman, lui, comme toujours, fait un peu trop propre sur lui pour être totalement convaincant dans le registre sondheimien.
L’un dans l’autre, Putting it Together est une revue efficace, qui balaie habilement le répertoire de Dieu Stephen Sondheim, mais qui, de fait, lui fait perdre une partie de sa force. Toutes ces chansons n’ont vraiment de sens que dans leur contexte. Unworthy of your love (Assassins), par exemple, est une ballade destinée à être chantée par l’homme qui a tenté d’assassiner Ronald Reagan pour impressionner Jodie Foster – dont il était un stalker acharné – et la femme qui voulait tuer Gerald Ford – pour plaire à Charles Manson, son gourou. Chantée par Barrowman et Henshall, qui remplacent les références à Jodie et "Charlie" par "Darling", elle perd toute sa saveur et n’est plus qu’une ballade mièvre. Que cela ne vous empêche pas néanmoins d’acquérir le CD et le DVD ou de regarder les nombreux extraits présents sur Youtube. Car, grâce à ses interprètes, le show reste malgré tout diablement efficace.