Les chansons d’amour
Il est incorrect de dire que Les Chansons d’amour est une comédie musicale, comme on a pu le lire ici ou là. La comédie musicale suppose des codes et des techniques que le film d’Honoré n’utilise pas. Parlons plutôt d’un film à chansons, ou d’un film avec des chansons.
Ces dernières, une succession de petites perles pop, sont signées Alex Beaupain. Les acteurs les défendent avec brio, Louis Garrel, dont le timbre n’est pas sans rappeler celui d’Etienne Daho, ou Grégoire Leprince-Ringuet en tête. Citons notamment le magnifique Les yeux au ciel, chanté par Louis Garrel lorsqu’il remonte le boulevard Richard-Lenoir, le très beau duo La beauté du geste entre Garrel et Leprince-Ringuet ou le trio Garrel / Sagnier / Hesme Je n’aime que toi, un sommet de légèreté.
Au delà des chansons, le film est une vraie réussite. Honoré a cherché à l’ancrer dans le réel en filmant magnifiquement le Le Xè arrondissement et en datant très précisément son histoire, ce dernier aspect étant symbolisé par un plan fugace, de nuit, sur une affiche de Sarkozy-Big Brother.
Que dire de l’histoire, justement, sans trop en révéler ? Le tout est un équilibre parfait entre gravité et légèreté, mieux réussi que dans le précédent film d’Honoré, Dans Paris. Les acteurs sont excellents, à l’exception peut-être de Chiara Mastroianni, pas toujours très juste (on craint le pire pour Persépolis). On a beaucoup dit aussi que ce film est un film de et pour « bobos ». Je ne sais pas bien ce que cela signifie. Il contient sans doute des références auxquelles beaucoup ne sont pas sensibles. Certains préfèrent sans doute les histoires misérabilistes, avec des personnages laids, strictement hétéros et de droite. Tant mieux pour eux. Moi, je garde les Chansons d’amour, l’un des plus beaux films de ces dernières années. L’un des plus émouvants surtout.
Quelques chansons à écouter sur la page MySpace du film.
C’est drôle, je trouve justement que Mastroianni est superbe dans le film. Ce rôle de soeur un peu en retrait, qui ne sait jamais où se placer (et qui n’est jamais à sa place, d’ailleurs) est probablement celui qui m’a le plus ému.
C’est plutôt du côté de Sagnier que j’aurais cherché le manque de justesse (de jeu).
M’enfin, il n’empêche que c’est un très bon film et qu’on est très d’accord 🙂
J’ai aussi beaucoup aimé la Mastroianni dans ce film, délicate et touchante.
Moi qui m’attendais à voir une comédie, je suis sorti plus qu’ému. Et j’ai adoré les vues de Paris. Un excellent film !
Pas d’accord sur chiara non plus….
je l’ai trouvé tout à fait juste, et dans persépolis elle est parfaite. Mention spéciale à Danielle Darrieux dans ce dernier film.
Je ne me suis toujours pas remis de la dernière réplique…
Mais je suis curieux: quels sont donc ces codes propres à la comédie musicale, et auxquels le film ne se conformerait pas? Il me semble que c’est quand même pas mal un musical…
> Paul. Je pense aux numéros dansés notamment et surtout à la construction musicale, une véritable partition avec des « reprises » et pas une série de chansons. Ceci étant, je reconnais qu’on s’en fout un peu.
moi je m’en fous pas, c’est intéressant cette histoire de codes. Pourquoi « Charlie et la chocolaterie » n’en est pas une, et « South Park, bigger, longer and uncut » si?
au sujet de « Charlie… », as-tu remarqué le clin d’oeil à la comédie musicale quand un des personnages demande comment les oumpa-loumpa font pour écrire aussi vite une chanson sur ce qui vient de se passer…
ah la beauté du geste, je ne m’en remets pas. le vers, la pomme, le coeur embaumé et tout…
Oui, oui, oui. Mais je trouve que Grégoire Leprince-Ringuet pas toujours juste (dans sa voix) alors que je l’ai trouvé très désemparant (dans son jeu). Une très chouette surprise, ce film.